De la verrerie au site du vivier

Il est remarquable en effet, que depuis l'occupation romaine, tout proche de l'emplacement actuel, existait déjà en pleine forêt, un lieu qui porte encore le nom de "La Fontaine à Four" un "four aux voirres", et même la tradition nous a transmis le nom d'un maître verrier de l'époque : Ragenulf.(voir Abbé Vernier page 70)

Le four aux voirres fut construit vers 1441 ; dans la partie dite les Fontinettes, entre l'allée du Chèvremont et de la chaussée Brunehaut. Des débris de verre, des briques vitrifiées et une fontaine qui a gardé le nom de Fontaine du Four, marquent l’emplacement de cette verrerie qui était reliée à la chaussée Brunehaut par un chemin empierré.

Un four à verre avait été édifié au lieudit Les Fontinettes, entre l’allée du Chèvremont et la chaussée Brunehaut, sur le territoire de Folembray et en bordure de celui de Barisis. (…) Des débris de verre, des briques vitrifiées et une fontaine qui a gardé le nom de Fontaine du Four, marquent l’emplacement de cette verrerie qui était reliée à la chaussée Brunehaut par un chemin empierré.(…) Il appartient aux sires de Coucy, de la seigneurie desquels dépendait Folembray, Barisis et Saint-Gobain. Après 1340, il devient la propriété du duc Louis d’Orléans. Assassiné le 23 novembre 1407, le duc d’Orléans laisse ce domaine à son fils Charles, père de Louis XII. Les extraits de comptes de Grouchet, receveur des terres de Coucy en 1442 soulignent l’affermage de la verrerie de Folembray à Pierre Brion et Jacquemin Brion, son fils, « tous deux voirriers », depuis le 13 novembre 1441 et jusqu’au terme de 21 ans.

Dessin. La verrerie dans le massif de Saint-Gobain, p. 29-30

Les verriers romains ont été les ancêtres des Vénitiens, qui furent avec les verriers de Bohème, les seuls dépositaires des traditions et secrets de l'antiquité. De Bohème et de Venise quelques verriers allèrent porter leur art dans la forêt Noire, puis gagnèrent les forêts des bords de la Meuse. Cet art s'y implanta vers 1680, à Quinquen Grogne (Aisne), puis s'étendit au Nord de la France.

Louis XIV et son ministre Colbert ne craignaient pas d'anoblir les verriers habiles et subventionnaient leurs usines. Lorsque Gaspard Thévenot eut fondé son établissement, il s'attacha les meilleurs verriers des Ardennes qui, la campagne annuelle terminée, repartaient dans leur pays pour quelque mois à la façon des "Marchois" de la Creuse et des "Limousins" de la Haute-Vienne. Par la suite, des familles se fixèrent et constituèrent un élément de prospérité de l'industrie du verre, mêlant aux souvenirs des séjours de Henri IV au château de Folembray, où il signa de nombreux édits, les noms des grandes compagnies : Navarre, Guise, et tant d'autres qui se sont perpétués jusqu'en 1952.

Les plus vieilles verreries de France : Folembray et Saint Gobain remontent à l'époque où le bois était le seul combustible. L'économie des transports exigeait alors que les usines fussent au centre des forêts. Ces forêts de Coucy, de Saint Gobain, des Vosges, de Normandie, se peuplèrent d'usines à verre, mais à l'heure actuelle la verrerie de Folembray est la plus ancienne des verrerie à bouteilles de France.

Les registres de la paroisse Saint Pierre de Folembray débutent en 1680 et leur lecture attentive ne laisse présager l'existence d'une verrerie qu'à partir de l'année 1700 , dans les ruines de l'ancien château de François premier au centre du village actuel : La Glacerie de Follembray.

 

Avant 1709, Gaspar Thévenot, bourgeois de Paris avait des terres au hameau du Vivier. Actif et intelligent, il avait suivi avec intérêt la création de la verrerie dans les ruines de l'ancien château Royale de Folembray. Il résolut de poursuivre l’oeuvre et d’établir un nouveau four près de son corps de ferme.

Cet emplacement qui, par sa position exceptionnelle assurait à la fois au nouvel établissement le sable (voir terrière sur le plan ci dessus), l’eau et le bois se trouvait à 99 mètres à peine de la chaussée Brunehaut et sur la route de Coucy à Chauny ; c’était alors la situation la plus avantageuse qu’il fut possible de trouver pour un établissement de cette nature. Thévenot adressa une demande d’autorisation au duc d’Orléans et l’obtint.

 

Le 31 janvier 1709, un certain Gaspart THEVENOT obtenait du roi de France, l' autorisation de construire et établir une verrerie dans une maison nommée "le Vivier". A coté des fours sont construits une halle et un hangar.  La verrerie fut fondée, prit une extension rapide et se plaça de prime abord parmi les meilleures verreries à bouteilles. Gaspard THEVENOT, s'était associé avec des spécialistes de l'art de la verrerie jusqu'en 1729 qui est la date de sa mort. A cette époque, cette manufacture fabrique surtout des bouteilles pour la région  champagne proche.

 

L'histoire de Gaspard Thévenot et de sa bouteille "la Thévenotte"

Bouteille Thévenotte 1730-1760 musée des civilisations de l'Europe et de la méditerranée à paris.

1725     Construction d’une chapelle à l’intérieur de la verrerie. Cette chapelle est bénie par l’évêque Mgr de la Fare évêque de Laon le 18 juin 1725.

« Ayant  fait visite de la chapelle nouvellement construite en ladite verrerie, ayant trouvé qu’elle était bien située, d’une structure convenable, bien éclairée et bien décorée, pourvue de vases sacrés, livres, linges et ornements propres et nécessaires pour y offrir le saint sacrifice avec toute la décence requise, avons fait la bénédiction de la sainte chapelle en l’honneur de la sainte épiphanie de N.S. construite. »

Archives de la verrerie citées par l’abbé Vernier

 

Plan de la Verrerie entre 1725 et 1785 : archives nationales

 

On peut distinguer sur ce croquis  : la chapelle avec ses jardins, le hangar,la forge, la salle à bouteilles et la maison d'habitation "la maison du Vivier" formant une cour intérieur avec son puit. Au bord de l'étang , il y a une tour qui fait partie le "la maison du Vivier". Cette tour était l'ancien pigeonnier de la ferme de Gaspard Thevenot qui existe toujours. Le Chàteau du Vivier sera construit plus tard.

On sait qu'à l'époque du propriétaire Mr François Marie Pipelet, créa un parc paysagé par Mr Thomas Blaikie. ( extrait de François Seydoux, gentilhommières des pays de l'Aisne)

  

En 1729, par suite du décès de son fondateur, la Verrerie fut cédée par la veuve de Thévenot au fils d'un de ses premiers ouvriers, Guillaume Péret (ou Fèret), qui prit pour associé en 1700, le sieur de Saint-Mars, conseiller du Roi, et contrôleur des ventes à l'Hôtel de Ville de Paris.

Guillaume Fèret achète la verrerie en 1739 pour 61 000 Livres. Michel Saint Martin de Valcourt, gendre de Saint-Mars, et porte-manteau de la Reine, rachète la verrerie en 1763 pour 110 000 Livres à cause du décès en cette année de Saint-Mars. Viennent ensuite Louis François Delahaye en 1771, puis  Guillaume Tronsson en 1778 qui le gendre de Saint Martin de Valcourt . ( Extrait du livre : Gentilhommiéres des Pays de l'Aisne - Laonnois, Vermandois, Thiérache de Philippe Seydoux)

Le 25 février 1745, lors da mariage de Joachim Onuphre LESCOT (né vers 1717 est cité garde de la forét de Folembray à son mariage puis directeur de la manufacture du Vivier en 1774 et enfin marchand de bois à  son décès en 1779) et Catherine Louise GATEUX, le curé précise que les époux habitent chez Monsieur FERET (la famille PERRET semble etre originaire de Folembray, le 6 septembre 1687 on trouve témoin au mariage de Antoine LESCOT et Marguerite BRUNET un certain Mitre Albert FERET) maître de la verrerie de Folembray.
Le 1er mars 1746, on trouve comme marraine Mademoiselle LE DOUIN petite fille de Monsieur FERET maître de la manufacture de la verrerie du vivier.


Un peu plus tard, le 16 août 1754 au décès de la dite Antoinette LE DOUIN, 18 ans environ, elle est dite « femme de Monsieur Jacques FERRET demeurant en la manufacture royale du vivier. » Témoin : Guillaume FERRET son père grand.
A partir de 1770, les registres nous font découvrir un nouveau changement dans les propriétaires de la verrerie du vivier :


Le 13 janvier 1770, décès de Laurent Brice JACQUET, maréchal à la manufacture royale. Assistent à l'enterrement : Michel DE SAINT MARTIN DE VALCOURT et Guillaume TRONSSON, maîtres de la manufacture du vivier. En fait, il s'agit du beau père et de son gendre. Guillaume TRONSSON appartient à une famille s'occupant du négoce du vin (de Champagne !) dans la région de Reims. Il est marié à Emilie Marguerite DE SAINT MARTIN DE VALCOURT fille du dit Michel. Après le décès de son beau père, Guillaume TRONSSON devient le seul maître de la verrerie.

Durant ce temps, de nouveaux verriers vont venir « transpirer » dans les fournaises de Folembray.
    - Antoine CULOT, ouvrier en verre venu d'Anor et décédé le 13 juin 1772.
    - Jean Joseph LAROSE, Jean HOCQUEMILLER et Orban HOCQUEMILLER, tous trois verriers et eux aussi venus d'Anor. 

    - Nicolas DUFLOT ouvrier en bouteilles, venant de Saint Gobain et qui se marie à Folembray en 1782.

     - Jean VIGOUR fondeur de verre qui décède le 31 octobre 1784 à l'âge de 77ans. 

     - Etienne CLEMENT maître ouvrier en bouteilles, parrain en 1791.

     - Jean Baptiste VIGNION, maître ouvrier en bouteilles demeurant à Neuvilly, à Folembray en 1792.

 

par Daniel DEVRED Président de la société d'histoire locale d'EMERCHICOURT

1780            En 1780, Bosc d'Antic, alors directeur de la Glacerie de Saint gobain, s'exprimait ainsi à propos de la fabrication de boteilles en France : « Je ne connais en France que trois verreries où l’on fasse de bonnes bouteilles : Folembray, dans la forêt de Coucy, Anor, dans le Hainaut français et Sèvres, près de Paris. ».

La production est alors de 600.000 bouteilles par an.

Bose d’Autie

En 1785, un incendie détruit deux grandes halles et une énorme provision de bois. M. Tronson, gendre de M. de Valcourt, est désigné propriétaire de la verrerie. La production annuelle est alors estimée à 600.000 bouteilles.

Dessin. La verrerie dans le massif de Saint-Gobain, p. 39

Ravagés par un incendie en 1785, les bâtiments sont aussitôt reconstruits. ( Extrait du livre : Gentilhommiéres des Pays de l'Aisne - Laonnois, Vermandois, Thiérache de Philippe Seydoux)

En 1789, les bâtiments de l'abbaye de Prémontré sont vendus à la verrerie de Folembray pour servir surtout de lieu de stockage jusqu' en 1795. Les bâtiments de Prémontré sont revendus à un certain Mr Cagnon qui transforme alors l'abbaye en fabrique de potasse et de salpêtre.

Mr Tronsson Guillaume épouse Marguerite de Saint Martin de Valcourt et donne naissance à une fille : Emélie.

 

En 1792, le mariage de François Pipelet de Montizeaux et de Emélie Tronsson, fille de Guillaume Tronsson, est célébré dans la chapelle de la verrerie par le prêtre desservant celle-ci, avec la permission du curé de Folembray. ( AD - Etat civil de Folembray)

 Monsieur François Pipelet de Montizeaux est né vers 1761 (Son pére est François Pipelet né en 1723 mort en 1809)  Il donne naissance à Julie Pipelet de Montizeaux née en  1796  . Ce Maitre verrier à était le Maire de Folembray de septembre 1798 en septembre 1804 et décède  le 1er Mai 1805 à Folembray (44ans) en laissant Mme Pipelet veuve. Charles François Ferdinand baron DE POILLY épouse Mademoiselle Julie Pipelet de Montizeaux en 1819 qui transmettra, plus tard, les verreries à son fils le Baron Henri de Poilly.

Cette même année, le 27 mars 1792, Emilie Marie TRONSSON fille du maître de verrerie, Guillaume TRONSSON, épouse François Marie PIPELET DE MONTIZEAU, accusateur public auprès du tribunal du district de Chauny, séant à Coucy, fils de François, maître en chirurgie et feue Marie Geneviève SURET. Le mariage à lieu dans la « chapelle de la verrerie du vivier ». La famille de l'époux, demeure Coucy le château depuis de nombreuses années.

Déjà en 1717, on citait à Folembray, marraine le 22 avril : Mademoiselle Anne COLLEYE, femme de Mr PIPLET chirurgien de Coucy le Château. Assez rapidement, François Marie PIPELET de MONTIZEAUX se retrouve associé avec son beau père pour diriger l'entreprise de verrerie. Dès l'an 5 de la république, on le cite maître de la verrerie du vivier, mais aussi maire de la commune de Folembray.
Il décède le 11 floréal de l'an 13, à l'âge de 43 ans, dans son château du vivier.

par Daniel DEVRED Président de la société d'histoire locale d'EMERCHICOURT

 

 A partir de 1810 et pendant un certain nombre d'années, la verrerie de Folembray fabriqua des cloches de jardin.

Après l'épopée napoléonienne et la défaite de Waterloo, le pays tout entier se remet tout doucement de ces longues années troublées.

Charles François Ferdinand baron DE POILLY devient propriétaire de la verrerie royale de Folembray dés 1814 et devient Maire de Folembray jusqu'en 1826 (lors de sa démission).

En 1814, un nouveau magistrat s'installe à la mairie de Folembray en même temps qu'un nouveau maître de verrerie. II s'agit de Charles François Ferdinand baron DE POILLY qui vient d'épouser Marie Julie PIPELET DE MONTIZEAUX, fille du maître de la verrerie royale de Folembray. (6)


Le baron DE POILLY, né à Aizy Jouy (02) en 1783, fils de Charles François Dominique et Thérèse Charlotte LEROY DE SERANCOURT fut d'abord commandant de cavalerie au haras de Meaux de 1809 à 1813. Il devient propriétaire de la verrerie royale de Folembray dès 1814. En 1828, on le cite aussi propriétaire de la verrerie de Lamotte commune de Saint Bérain sur d'Heune dans la Saône et Loire.

par Daniel DEVRED Président de la société d'histoire locale d'EMERCHICOURT

 

La situation de la Verrerie et la perfection de son travail lui ont valu dès le XVIII ème siècle une réputation incontestée. Ses bouteilles champenoises étaient renommées à l'égal des meilleurs fabrication, sans cesse accrue par l'incessant effort de ses propriétaires successifs, elle se développa considérablement.

 

En 1820, Mme Veuve Pipelet, née Tronsson vend à sa fille (Julie Pipelet de Montizeaux née en  1796) les biens dont elle a hérité :

1- Une maison d'habitation avec écurie et remise.

2 - Un corps de logis pour tenir les bureaux et employés de la verrerie.

3- Deux halles à deux fours chacune avec les constructions y attenantes.

4 - Un magasin à cloches de verre nouvellement bâti.

5- Un grand magasin à bouteilles à verre et à chambres à pots au-dessus le dit magasin en mauvais état.

6- Un grand corps de logis pour tous  les ouvriers souffleurs.

7- cours, jardin, étang canaux près et bois

Le tout et clos en partie de murs et en partie des fossés remplis d'eau et contient environ treize hectares...etc

extrait du registre d'hypothèque 4Q2/2995, étude de M. Savinien à Paris 

 

 

Barbe Nicole Ponsardin est la fille du baron Nicolas Ponsardin. Son mari, François Clicquot, meurt le 23 octobre 1805, emporté par une « fièvre maligne » et lui laisse une maison de champagne crée en 1772 et produisant 100 000 bouteilles annuellement.

Surnommée « la Veuve Clicquot » ou « la grande dame de la Champagne », dotée d'une force de caractère peu commune et d'un sens des affaires remarquable, elle sut diriger son entreprise et à sa mort, le 29 juillet 1866, la Maison Veuve Clicquot Ponsardin commercialisait 750 000 bouteilles et expédiait sa production dans de nombreux pays.

De 1813 à environ 1863 , la verrerie de Folembray était un fournisseur de la Maison Veuve -Clicquot d'aprés 90 copies de lettres VCP et 60 lettres de Folembray. (collection André Orsini)

Lettre d'une commande de bouteilles Champenoises pour la Veuve Clicquot en mai 1863 : page 1, page 2, page 3

 

En 1817, construction du château du Vivier.

Plan cadastrale de la verrerie en 1820

 

Marie Caroline Ferdinande Louise de Bourbon, princesse des Deux-Siciles, (Caserte, 5 novembre 1798 - Brünnsee, 16 avril 1870), plus connue sous son titre de duchesse de Berry, fut l'épouse de Charles Ferdinand d'Artois, duc de Berry, second fils du roi Charles X de France, assassiné en 1820 et la mère du comte de Chambord, prétendant légitimiste au trône de France sous le nom de « Henri V ».

Le 25 mai 1821

Visite de la duchesse de Berry à Folembray « Dans l’après-midi, la duchesse visita la verrerie. Tous les ouvriers qui avaient quitté la longue chemise traditionnelle l’attendaient sur leur place en pantalon blanc et en jabot ; la princesse suivit leur travail avec le plus grand intérêt. »

Bouzard, 1931, p. 123

 

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1826

La verrerie de M. de Poilly livre au commerce annuellement plus de 2 millions de bouteilles, des chopines et bocaux à fruits dans la même proportion, et de 140 à 150.000 cloches à jardin, verre à vitre, etc.

Malot, Charles. Bazar parisien ou annuaire raisonné de l’industrie des premiers artistes et fabricants de Paris, 1826, p. 60.

Lettre du 4 juillet 1826 entre M. de Poilly et un négociant de Beaune en Côte D'or : page1, page 2

A cette époque la verrerie de Folembray était dirigée depuis 1824 par Louis Xavier DELAGE. Né à Poitiers vers 1787 et qui restera en poste jusqu'à son décès en 1847. Cette période post révolutionnaire semble assez active pour la verrerie, car de nombreux nouveaux verriers « débarquent » à la verrerie royale du vivier.

- Louis Sébastien CATON, souffleur de bouteilles venu de la verrerie de Biganos en Gironde et qui épouse le 21 juin 1809 Marie Opportune LACOURT

- François GU1NOT, Gaspard CRINER et Quirin HUG, tous trois cités en 1821.

Cette même année 1821, on note encore la présence d'un certain Pierre Gabriel LA ROUVRELLE, maître ouvrier en cloches. En fait, ce personnage appartient à une grande famille de souffleurs de verre dont on écorchera très souvent le nom patronymique : les cloches de jardin.

-En 1824, on découvre une autre fabrication de la verrerie du vivier : Le verre à vitres qui va amener d'autres familles de verriers :
    -Melchior MAISON et Michel LOBRE ouvrier en verres à vitres, cités en 1824.
    -Antoine SCALABRINO coupeur de verre aussi en 1824.
    -La fabrication du verre à vitres se poursuivra quelques années encore, cohabitant avec celle des bouteilles et des cloches.(par Daniel DEVRED Président de la société d'histoire locale d'EMERCHICOURT)

La baronne de Poilly (assise en robe sombre), reçoit l'écrivain Barbey d'Aurevilly.

 

En 1826, Xavier de l’Age, directeur de la verrerie est élu maire de Folembray.

1828 Mars

J'ai examiné la voiture d'échantillons reçue hier et ai trouvé à mon grand regret que leur nuance foncée et un peu jaunâtre ne pouvait pas me convenir pour mes vins.J'ai fait prier M. Mongel  de les examiner avec moi en mettant le même vin dans une de vos bouteille de l'année dernière et dans une des vôtres reçus hier, et je lui ai prouvé que le verre des dernières est très désavantageux parce qu'il donne au vin un oeil jaune, ce qui est un très grand inconvénient en Russie, où l'on exige que le vin de Champagne soit très blanc... On m'y a laissé pour compte une partie des vins de 1825, parce qu'il était contenu dans des bouteilles jaunes. Vous voyez donc que je suis forcé de tenir à recevoir des bouteilles bien vertes, claires et brillantes.

Courrier de la Veuve Clicquot  pour  verrerie de Poilly à Folembray(collection André Orsini)  

1832

...vous connaissez la casse énorme que j'ai eu supporter sur les bouteilles que M. de Poilly m'a founies l'année dernière et vous ferez sûrement toutes les observations nécessaires pour qu'on pare à cet inconvénient, qui à ce que quelqu'un, qui se prétend bien informé, m'a assuré provient de l'argile employé. Si une pareille perte se reproduisait cette année-ci, les bouteilles de Folembray seraient perdues de réputation : il est donc de l'intérêt de M. de Poilly, de faire tous ses efforts pour nous fournir des bouteilles qui résistent aussi bien à la mousse que celles de MM. Darche et de Violaine. La solidité des bouteilles sera mise à l'épreuve cette année-ci, car nos vins promettent une mousse violente.

Courrier de la Veuve Clicquot  pour  verrerie de Poilly à Folembray

1833

...Le souffleur qui fabrique les bouteilles apportées par le voiturier Noël, a le défaut de faire les embouchures tranchantes, de maniére que tous les bouchons qui comme vous le savez n'entrent que de force, se coupent et se brisent. C'est une imperfection à laquelle il faut remédier à tout prix, car elle rends l'emploi de ces bouchons, impossible il faut que l'embouchure soit arrondie, sans qu'elle devienne toutefois évasée ou en trompette. Il se trouve également parmi les bouteilles de la même main, quelques embouchures par trop petites : cela rend le dégorgement très difficile et empêche l'explosion lorsque le consommateur débouche la bouteille.

Courrier de la Veuve Clicquot  pour  verrerie de Poilly à Folembray

1833

Quand à la  forme je vous dirai que les bouteilles de Maubeuge conservent toujours leur supériorité sur les votres. Cette verrerie fait des cols de ses bouteilles un peu plus long, d'abord en donnant à la bouteille deux lignes de plus en  hauteur et surtout en faisant monter un peu moins le bouge qui, étant étranglé un peu plus fort que chez vous, donne beaucoup d'apparence à la bouteille, sans en augmenter la contenance. Je me permets d'entrer dans tous ces détails, persuadé que vous désirez rendre vos bouteilles aussi parfaites que possibles, et faire attention que Trélon et Soissons se donne beaucoup de peine pour imiter la forme de Maubeuge.

Courrier de la Veuve Clicquot  pour  verrerie de Poilly à Folembray(collection André Orsini)  

Interrogatoire du Baron de Poilly le 13 octobre 1834 

Le 25 juin 1835 à Folembray, Cécile Emélîe Charlotte DE POILLY fille aînée du maître de verrerie, met au monde à la verrerie royale du vivier un fils, prénommée Charles Robert, née en légitime mariage du Comte Charles DE FTTZ JAMES. Deux années plus tard, le 2 février 1837 c'est la seconde fille du Baron DE POILLY, Lucie Thérèse qui épouse un autre membre de l'aristocratie, Alfred Millin DE GRANDMAISON.

par Daniel DEVRED Président de la société d'histoire locale d'EMERCHICOURT

En 1835, Mr de l'Age, directeur de la verrerie, écrit à Mme Veuve Clicquot : "Ces concurences (de nouvelles verreries) sont toujours au détriment du fabricant, car sur dix ou douze années en Champagne, nous n'en n'avons qu'une ou deux abondance, une ou deux médiocres et le reste est nul".  (collection André Orsini

En 1836 est la dernière année où l'on fabrique des vitres à Folembray d'aprés les registres paroissiaux : Cette année là que décède Félix BOURNIQUE ouvrier en verre à vitres né vers 1803, époux de Constance Mina SAVREUX et qui fait partie d'une grande famille de souffleur de verre à vitres.

L'enquête préfectorale de 1840 et par les comptes-rendus d'expositions, expose l'état productif de la verrerie du vivier et son importance parmi les verreries régionales. L'établissement confirme sa vocation de verrerie à bouteilles, cruches ou carafons. Elle comptait alors 250 ouvriers, en deuxième position derrière Saint-Gobain-Chauny (650). Le chiffre d'affaires se situait également loin derrière celui de Saint Gobain, mais bien au-dessus de la moyenne générale.

 1844

La 10e édition de l’Exposition de l’industrie réalisée à Paris durera 60 jours, du 1er mai au 29 juin. Ce grand palais nouvellement construit sur les Champs-Élysées reçoit 3 960 exposants et distribuera 3253 récompenses.

    A l'Exposition industrielle de 1844, une médaille d'argent est attribuée à la verrerie. L'établissement est alors propriété de Monsieur de Poilly. Ceci durera jusqu'aux années 1880-1887 où la raison sociale est devenue "Société de Pollly-de-Fitz-James et de Brigode". Le jury d'exposition explicite les raisons de cette distinction, Monsieur de Poilly ayant déjà obtenu une médaille de bronze en 1839 : "Aujourd'hui, prenant en considération le développement remarquable de cette verrerie, le jury lui décerne une médaille d'argent".

Le rapport d'exposition permet de se faire quelqu'idée de cet essor remarquable : quatre fours à fusion et vingt-quatre fourneaux à recuire, consommant environ 70 000 hectolitres de houille, 800 stères de bois et 12 000 fagots. Avec près de 900 ouvriers (250 en 1840), la production annuelle atteint plus de trois millions de bouteilles de toutes espèces, plus de 100 000 cloches à jardin. Cette production est expédiée à Rouen et sa région, à Paris et en Champagne. Folembray figure parmi les trois verreries dont les bouteilles destinées au champagne ont le mieux résisté aux tests. Le rapport précise que l'année 1843 a été une très mauvaise année pour treize marchands de bouteilles de champagne, car : 'le travail préparatoire qu'on a fait subir aux vins récoltés en Champagne en 1842 et mis en bouteilles en 1843, a occasionné une casse extraordinaire". Ce type de bouteille était encore l'un des produits les plus coûteux à réaliser, soumis aussi bien aux aléas de la casse qu'à celle des fluctuations du marché du vin (et des récoltes).

Extrait des recherches " Le souffle et la marque" par par Noel Barbe, Claudine Cartier, Elisabeth Cibot-Genin, Geneviève Marion, Idrissa Ouedraogo, Michel Philippe 

Le 7 novembre 1847, Mr de L'Age, directeur  de la Verrerie meurt et par la suite Charles François Ferdinand baron DE POILLY, propriétaire de la verrerie royale de Folembray devient Maire trés peu de temps et meurt en 1849.

 

 Henri Charles Georges DE POILLY le troisième et dernier des enfants du couple DEPOJLLY- PIPELET, né à Folembray en 1821 deviendra à son tour, maître de verrerie et maire de la commune après le décès de son père. Marié en premières noces à Alexandrine DE NARISCHKINE, il épouse en deuxièmes noces en 1860, Agathe Anne Elisabeth DU HALLOY COETQUEN comtesse de BRIGODE.

par Daniel DEVRED Président de la société d'histoire locale d'EMERCHICOURT

De 1848 à 1862, Henri Charles Georges De poilly (né en 1821- mort en 1862), industriel, devient maire de Folembray et Conseiller général de l’Aisne (canton de Coucy). Parallèlement, il s’engage à donner à la verrerie une nouvelle impulsion en s’associant avec son beau-frère, le comte de Fitz-James, et M. Labarbe, ancien notaire de Paris, nommé gérant de la société. M. Labarbe apportait à cette oeuvre sa grande expérience des affaires, sa haute intelligence et son extrême activité. Bientôt de nouveaux fours sont créés et reçoivent de nouveaux travailleurs. Une cité toute entière, celle des Maisons-Neuve semble surgir de terre. Un mur circulaire embrasse dans sa vaste enceinte l’usine avec ses dépendances, tout annonce une nouvelle vie dans les ateliers restaurés et agrandis.(VERNIER. Histoire de Folembray, chap 13 p. 129.)

La verrerie et le château du Vivier vers 1850

1855

L’ancienne verrerie de Folembray (Aisne) appartenant aujourd’hui à MM. de Poilly, de Fitz-James et Labarbe, a envoyé de fort belles bouteilles d’une forme parfaite comme élégance et comme régularité. Le verre est d’une homogénéité et d’un éclat remarquable. Nous en dirons autant de ses cloches de jardin. cette manufacture a obtenu une médaille à l’exposition de Londres.

Les Arts chimiques à l’exposition universelle de 1855, Paris : N. Chaux et Cie, 1856, p. 32

Lors de l'exposition universelle à Paris en 1855, la verrerie de folembray obtient la médaille de 2éme classe. Il est dit : " La verrerie de Folembray dite anciennement du Vivier, a été et a conservé jusqu'en 1848 le titre de verrerie royale. Cette usine fournit , depuis un grand nombre d'années, une partie des bouteilles que consomme la Champagne. Ces bouteilles, dont le poids ne dépasse pas un kilogramme, résistent, pour  la plupart , à une pression de 25 à 32 atmosphères. La verrerie de Folembray a produit dans dernières années 4 000 000 de  bouteilles et  demi-bouteilles pour la Champagne. Cette quantité, qui est supérieur à celle qui a été fournie par toute autre verrerie à ce consommateur difficile et exigeant, témoigne suffisamment de la bonne qualité des bouteilles de Folembray"

Rapport de l'exposition universelle de 1855 à Paris : page 270

En 1860 Henri Charles Georges de Poilly, épouse en secondes noces la comtesse de Brigode, née du Hallay-Coetquen.(VERNIER. Histoire de Folembray, chap 13 p. 130.)

Entre 1840 et 1880, les souffleurs de bouteilles qui travaillaient dans les fournaises Folembraises, provenaient d'horizons très divers.

Le Château du Vivier et la Verrerie en 1874. Dessin d'A. Piette

 

1860

Dans les années 1860, Folembray réalise, les mutations structurelles, indispensables à sa survie industrielle, aboutissant à l'éclatante reconnaissance de l'Exposition Universelle de 1900. Si la verrerie du Vivier reste Indépendante, c'est au titre des 'Verreries champenoises" qu'elle reçut le grand prix pour la qualité irréprochable de ses bouteilles. Donc, dès 1860 à Folembray, on s'occupa tout d'abord à remplacer les primitifs foyers au bols par de nouveaux dispositifs appropriés aux nouveaux combustibles.

Extrait des recherches " Le souffle et la marque" par par Noel Barbe, Claudine Cartier, Elisabeth Cibot-Genin, Geneviève Marion, Idrissa Ouedraogo, Michel Philippe

Un certain Jules André Frédéric DAMOUR, admis à l'école des mines, devient ingénieur en 1860 et directeur de la verrerie.

Le 20 septembre 1862 : Décès du baron Henri Charles Georges de Poilly, à l’âge de 41 ans. M. Labarbe, co-actionnaire et gérant de la verrerie, poursuit l’oeuvre entamée. Il devient également maire de Folembray (15 novembre 1862). La famille de Brigode va alors présider aux destinées de la verrerie.

Après le décès du Baron Henri Charles Georges de Poilly, la famille De Brigode allait s'occuper activement de la destinée de la verrerie.


Plan d'un four Siemens à bouteilles de douze ouvreaux dans la verrerie de Folembray (* extrait de la revue générales des sciences N°3) par Emilio DAMOUR (fils du directeur)

A gauche, le plan montre dans les massifs latéraux de maçonnerie les carneaux amenant l'air et le gaz des chambres ou y conduisant les fumées.

Le plan droite est une coupe longitudinale d'un four Siemens.- Le bassin, de 0m80 de profondeur, est supporté par de petites routes au-dessus d'une galerie d'aérage. Les chambres de récupération sont de part et d'autre de cette galerie.- Cette coupe montre les fenêtres (lunettes) par où arrivent le gaz et l'air destinés à la combustion ; vis a vis; les mêmes fenêtres servent à l'évacuation des fumées ; l'interversion se fait par les valves figurées à droite.

1865

Pour lutter contre la concurrence acharnée et garder le marché acquis, les dirigeants de Folembray comprirent rapidement la nécessité de mécaniser la fabrication de bouteilles. Les fours à fusion Siemens étaient en action dès 1865 et permettaient de réaliser une économie de combustible de 50%. Pour la mécanisation des bouteilles, donc des moules, il fallait faire preuve d'audace, suivre et encourager toutes expériences en ce domaine... Conserver les marchés acquis, en arracher d'autres était à ce prix. "Folembray avait acquis sur la place de Cognac une clientèle de premier ordre, elle tenait à la conserver, tout en donnant satisfaction aux grands négociants champenois. C'est dans ce contexte que de "grands travaux de transformation ayant pour objet de substituer aux anciens fours à pots les fours à gaz à travail continu furent réalisés, d'autant qu'enfre temps, les procédés de moulages à moules ouverts avaient fait place aux nouveaux types à moules fermés".

Extrait des recherches " Le souffle et la marque" par par Noel Barbe, Claudine Cartier, Elisabeth Cibot-Genin, Geneviève Marion, Idrissa Ouedraogo, Michel Philippe

 

Les moules métalliques fermés furent essayés entre 1870 et 1880 et furent, pendant cette période, l’unique préoccupation des maîtres de verrerie.  L'introduction du four Siemens remplace les anciens fours à creusets . Ce qui permet dans un premier de faire une économie de combustible et pouvant traiter 150 000 à 500 000 Kg de verre.



Facture de bouteilles en 1864 pour Jarnac (page 1)  

Facture pour New York en 1866 : page1, page2, page3, page4

Lettre pour une vente de bouteilles pour les états unis en 1867 : page1, page2   

Lettres signée par le directeur des verreries pour des négociants à Gautier Frères dans les charentes entre 1862 et 1875 :

17 janvier 1862 page 1  
 25 février 1863 page 1, page 2 (commande de bouteilles) 10 décembre 1874 page 1, page 2 (commande de bouteilles)
1 décembre 1867 page 1, page 2 (commande de bouteilles) 26 janvier 1875 page 1
21 février 1870 page 1, page 2, page 3
26 mars 1870 page 1 (commande de bouteilles)  
4 février 1873 page 1, page 2 (commande de bouteilles) 2 avril 1875 page 1, page 2  (commande de bouteilles)
8 novembre 1873 page 1, page 2 (commande de bouteilles) 12 juin 1875 page 1, page 2 (commande de bouteilles)
12 décembre 1873 page 1  14 septembre 1875 page 1, page 2 (commande de bouteilles)
21 décembre 1873 page 1, page 2 (commande de bouteilles) 20 aout 1875 page 1, page 2 (commande de bouteilles)
24 juin 1874 page 1

Lettres de la verrerie pour des commandes de bouteilles à Mr Prieur à Vertus dans la Marne :

 en mai 1879 : page 1, page 2 et en juin 1873 : page 1, page 2, page 3

 

  

1867-1868

Alphonse Poitevin se marie en 1865, la naissance de ses enfants, incitent bientôt Poitevin à rechercher des activités plus stables et plus lucratives. Il est d'abord directeur de la verrerie d'Ahun-les-Mines dans la Creuse, de décembre 1866 à juillet 1867, puis, désireux de se rapprocher de Paris, il quitte ce poste pour celui de directeur de la verrerie de Folembray dans l'Aisne. Mais il ne s'entend guère avec le gérant de la société qui lui reproche son manque d'autorité sur les ouvriers et en novembre 1868, il quitte bien malgré lui cet emploi.

Ecole nationale des chartes , Position des thèses, soutenue par les élèves de la promotion de 1988

 Nul doute que cette compétence de chimiste et d'ingénieur , ne servit les intérêts de Folembray au plus fort de sa mutation (adoption des fours à bassin).

Extrait des recherches " Le souffle et la marque" par par Noel Barbe, Claudine Cartier, Elisabeth Cibot-Genin, Geneviève Marion, Idrissa Ouedraogo, Michel Philippe

1862-1872

Extrait de l’histoire de Folembray par l’abbé Vernier

« Depuis ce temps (1862), Folembray n’a cessé de marcher d’un pas ferme et assuré dans la voie du progrès et du bien-être ; on sent du reste, en traversant notre village riant et coquet qu’il s’élève à l’ombre d’une bienfaisante industrie, a l’existence de laquelle sa propre existence est nécessairement liée.

En moins de vingt ans, nous avons vu de vastes champs se couvrir d’élégantes constructions, de nouvelles rues s’ouvrir, des cités ouvrières, véritables hameaux s’élever tout à coup. La population qui comptait à peine 1000 habitant en 1854 s’élève à près de 1500 habitants (en 1872), est devenue de beaucoup la plus forte du canton.

Dire ces progrès, c’est dire du même coup ceux de la verrerie, arrivée à un degré de prospérité qu’elle n’a jamais connu et devant lequel elle ne s’arrêtera pas encore.

La fabrication a été doublée : huit fours marchent presque constamment, produisant 25 à 30.000 bouteilles par jour. (…) Elle occupe 600 ouvriers attachés tant à la fabrication des bouteilles qu'aux différents ateliers de construction tels que la forge, la poterie, la briqueterie, la charronnerie,etc ....

En constatant cette impulsion si féconde en heureux résultats, nous ne pouvons indiquer ici que sommairement les améliorations que M. Labarbe a successivement introduites dans la verrerie en même temps qu’il en doublait le matériel et le personnel. Nous nommerons le laboratoire pour l’étude des compositions, le chemin de fer qui conduit les sables dans les caves d’attente, l’établissement d’une vaste pompe mue par la vapeur et qui distribue l’eau aux 44 places des huit fours, un ventilateur également mu par la vapeur et qui remplace tous les soufflets de la forge, etc.

A côté des améliorations purement matérielle, il en est d’autres plus précieuses parce qu’elle atteignent directement l’ouvrier dont elles s’efforcent d’adoucir et de rémunérer plus largement les fatigues : c’est tout d’abord l’augmentation des salaires, puis viennent les primes d’assiduité, les primes de fabrication, premier choix, les indemnités de maladies l’installation d’un médecin spécialement attaché à l’usine, l’établissement d’un fourneau économique , la création de dortoirs pour les enfants qui doivent travailler la nuit, celle d’une école à l’intérieur de la verrerie pour les enfants qui ne peuvent fréquenter celle du village où chaque semaine une conférence religieuse leur est faite.

Telles sont les améliorations et nous en passons beaucoup d’autres, dont M. Labarbe a doté la verrerie

VERNIER. Histoire de Folembray, p. 132-133.

1872

Le fief du Vivier doit son nom à l’étang du Vivier qui fut creusé à la naissance de l’allée du Chévremont. Un petit château qui séduit tous les regards a été construit sur les bords de cet étang par le baron de Poilly en 1817. Propriété de Madame la baronne de Poily, le château du Viver sert de résidence à M. Labarbe, maire de Folembray et co-actionnaire, gérant de la verrerie.

La terre du Vivier eut pour propriétaire :

1643 : Pierre Sauvaige, conseiller du roi ; 1679 : Suzanne Sauvaige, sa fille morte à l’âge de 41 ans ; 1708 : Gaspard Thévenot , bourgeois de Paris et fondateur de la verrerie du Vivier ; 1758 : de Saint-Mars, conseiller du roi ; 1763 : Michel Saint Martin de Valcourt, marié à Marie Anne de Saint-Mars, fille du précédent ; 1784 : Guillaume Tronson, par son mariage avec Marguerite de Valcourt, fille de Michel Saint-Mars

Bouzard, 1931, p. 140.

1872, 2 juillet

Décret présidentiel déclarant d’utilité publique le chemin de fer de Chauny à Anizy, par Folembray et Coucy.

VERNIER. Histoire de Folembray, p. 134.

1873

 

Un autre centralien succéda à Alphonse Poitevin, Louis Knab, promotion 1873. Nous avons, grâce à l'ouvrage de F. Pothier, un peu plus d'informations sur le dernier centralien qui, en fin du siècle, acheva les grands travaux de modernisation de la verrerie du Vivier

Extrait des recherches " Le souffle et la marque" par par Noel Barbe, Claudine Cartier, Elisabeth Cibot-Genin, Geneviève Marion, Idrissa Ouedraogo, Michel Philipp

1876

A la suite du décès de sa mère, le comte Gaston de Brigode prend la direction des Verreries de Folembray.

Les obsèques de M. le Comte de Brigode, Le nouvelliste, 22 avril 1937.

Après avoir été pendant quelque temps Se-crétaire d'Ambassade, M. le Comte Gaston de Brigode a tourné son activité vers l'industrie de la Verrerie. En 1876, il prend la direction des verreries et depuis 1880, il est Gérant de la Société de Poilly de Brigode.

En 1879 débute la construction d'un chemin de fer. Cette nouvelle ligne de chemin de fer permettra de relier la verrerie au canal de Saint-Quentin  avec double raccordement de la gare de Chauny au port, sur le canal, d'une part, de la gare de Folembray, à l'usine et à ses magasins, d'autre part. Le chemin de fer sera mis en service le 1er mai 1882.

 La production des bouteilles augmente gràce à l'emploi des moules métalliques fermés* qui facilite le travail du maître verrier. Des modifications* fut apporté, aussi ,au travail des verriers pour les récents progrès de la verrerie à bouteilles.

(* extrait de la revue générales des sciences N°3)

 Emilio DAMOUR, le fils du directeur de Frédéric DAMOUR, fait son éducation industrielle de 1887 à 1892 avec son père à la verrerie de Folembray : il a était stagiaire, puis chimiste chargé des analyses et essais industriels du verre puis ingénieur chef de production.

Biographie de Mr Emilio DAMOUR par Josette Fournier

 

Publicite apparue dans la revue "céramique et la verrerie" toute l'année 1885.

1885

       Amélioration des conditions de travail des apprentis et des enfants dans la verrerie de Folembray : décrit dans une communication par Mr Bérard dans le bulletin de la Société de protection des

        apprentis en juillet 1885 (Tome 18).


 

1887

Si le baron de Poilly reste l'un des copropriétaires de la verrerie tout au long du XIXe siècle, la raison sociale de l'établissement apparaît dans les archives, pour la dernière fois vers 1887, au titre de la Société de Poilly de Fitz-James et de Brlgode. C'est, par contre, au titre de la verrerie de Folembray qu'est enregistrée la souscription de l'établissement à la Maison des élèves de l'Ecole Centrale. Il est bien difficile, dans l'état de nos travaux, de déterminer, ou simplement d'identifier les auteurs des décisions conditionnant, notamment au XIXe siècle, la modernisation du site.

Extrait des recherches " Le souffle et la marque" par par Noel Barbe, Claudine Cartier, Elisabeth Cibot-Genin, Geneviève Marion, Idrissa Ouedraogo, Michel Philippe

  

1889

...de Poilly de Fitz-James et de Brigode. Elle a pour gérant M. le comte Gaston de Brigode et pour directeur M. Damour. C’est une des plus importantes verreries de France, et sans contredit c’est celle qui a toujours tenu le premier rang pour la bonne fabrication. Elle a remplacé l’ancienne verrerie royale du Vivier, fondée en 1709 par MM. de Massary et Thévenot, laquelle avait été précédée au même lieu par une verrerie en 1441.

L’usine compte huit fours, ayant ensemble 54 ouvreaux desservis par soixante équipes de chacune trois hommes et un apprenti.

Le verre en fusion dans un creuset contenant la matière de 700 bouteilles environs est enlevé par l’ouvrier au moyen d’une longue tige de fer creux, puis façonné en boule pleine, puis soufflé en boule creuse et ovale, puis tournée dans un moule et devient bouteille. La bouteille, toujours emmanchée  au bout de la tige de fer est mise au four où on lui place une bague puis, ainsi achevée, elle est détachée de la tige et portée dans un autre four où elle retrouve une température très élevée pour ne se refroidir que petit à petit sans se casser. Les principales de ces opérations se nomment : cueillage, paraison, soufflage, moulage et pose de la bague. Chaque équipe fait 550 à 650 bouteilles par jour. On produit ainsi à Folembray neuf millions de bouteilles par an pour la Champagne, Cognac et Frontignan.

Les ateliers sont très vastes. Le personnel est très nombreux. Il y a 1500 ouvriers environ. Comme à Chauny, la verrerie a ouvert des écoles, une chapelle, un économat et des cités en faveur de ses ouvriers. 

Caron, Jules. Notice historique sur le château fort de Coucy, … 1889, p. 9.

 Des règlements* sont appliqué aux verriers pour éviter les accidents du travail. Les salaires des verriers à bouteilles vers 1895...

(* extrait de la revue générales des sciences N°3)

Grand four à bassin système Siemens à douze ouvreaux de la Verrerie de Poilly, de Brigode, à Folembray.- Ce dessin (vers 1890) représente le quart de la plate-forme en hémicycle sur laquelle les ouvriers travaillent, plate-forme située à environ 0m 80 au-dessous du niveau du bassin et 1 mètre au dessus du niveau de la halle visible au premier plan. Les douze ouvriers visibles sue cette plate-forme constituent 4 équipes ; l'emplacement de chaque équipes ou "la place" est indiqué par les baquets en fonte qui contiennent l'eau destinée à rafraîchir la canne après chaque cueillage.- La seconde place à partir de al gauche permet de suivre très exactement le travail de confection d'une bouteille : devant l'ouvreau éclairé par la lumière du four se tient le gamin, occupé à faire un cueillage ; au milieu et en arrière du baquet, le grand garçon pétrit le verre sur une plaque de fonte pour préparer la paraison ; à sa droite, le souffleur tient une canne, verticalement, sur le point de retirer la bouteille finie du moule métallique. le travail du souffleur se voit mieux encore sur la troisième place ; le maitre-verrier est en train de faire le moulage dans le moule métallique tournant, en soufflant au moyen du tuyau de caoutchouc qui amène l'air comprimé du gros tube visible en haut de la figure.- Sur la seconde place se voient encore : le banc du verrier sur lequel l'ouvrier s'assoit pour faire la bague, la fourche servant à dégager le verre de la canne, les moules ouverts en terre réfractaire placés à l'aplomb du maitre-verrier, et destinés aux premiers moulages.- Au niveau inférieur, au premier plan se voient les râteliers de cannes ; un enfant (porteur) se dispose à porter au four à recuire la bouteille finie qu'il vient de recevoir du maitre-verrier.Revue générales des sciences N°3

1892

Lorsque Emilio DAMOUR quitte la verrerie de Folembray, elle est devenue le premier fournisseur de bouteilles à Champagne, et elle produit des coussinets ou traverses pour le transport de l'électricité à « un prix inférieur au prix de revient de la porcelaine ou du verre de glacerie ». Par des recherches méthodiques, E. Damour avait fixé la composition optimale des matières premières conférant au verre la composition et les propriétés requises pour cet usage (inaltérabilité, mauvaise conductibilité superficielle).

Biographie de Emilio Damour par Josette Fournier

1894

Machine semi-automatique de Boucher au musée de la ville de Cognac.

Si le moule ouvert permettait de doser la paraison, le recours au moule fermé, comme en gobeleterie, entraînait une plus grande difficulté et fatigue pour tourner la paraison dans le moule. L'idée fut donc de faire tourner le moule sur lui-même à la place du  verrier. C'est le principe de base de la mécanisation des futures machines. C'est le principe de base de la mécanisation des futures machines. Plusieurs tentatives de "moules mécanisés" furent réalisées, les moules Cahuc et Aupêche employés avec succès de 1880 à 1903 à Châlons-sur-Saône. C'est, néanmoins, le procédé Boucher qui s'impose par sa fiabilité ; on sait l'enjeu économique et politique de ses travaux. La verrerie de Folembray opta pour la machine Boucher dès qu'elle fut opérationnelle, c'est-à-dire à partir de 1894. Les dernières améliorations assuraient la meilleure qualité de production mécanisée (contre la cassure des embouchures, conception du "moule de bague" en deux pièces distinctes..., nouvel alliage des moules et modification de leurs épaisseurs).

Extrait des recherches " Le souffle et la marque" par par Noel Barbe, Claudine Cartier, Elisabeth Cibot-Genin, Geneviève Marion, Idrissa Ouedraogo, Michel Philippe

 

 1895

Marie Henri Georges Emmanuel Gaston Brigode de Kemlandt, comte de Brigode.

né à Paris le 1er juin 1850, secrétaire d’ambassade en disponibilité, maire de Folembray, gérant de la verrerie de Folembray.

 Il réside au château de Folembray et à Paris (6 rue de la Trémoille). Gaston de Brigode est le petit-fils du comte de Brigode qui fut Pair de France.

Après avoir été quelques temps secrétaire d’ambassade, il a tourné son activité vers l’industrie de la verrerie. Depuis 1880, il est géant de la Société de Poilly de Brigode (verrerie de Folembray).

La verrerie a été fondée en 1709 par Gaspard Thévenot, bourgeois de Paris qui possédait une censé assez importante au hameau du Vivier, dans des conditions naturellement favorables à cette époque pour la fabrication qu’il voulait créer. Sa propriété, en lisière de la Basse-Foret de Coucy, arrosée par un ruisseau dont un barrage retenait les eaux pour forcer un étang de quelques hectares, renfermait en outre  de puissants gisements de sable glauconieux très appropriés à la fusion du verre à bouteille, tant à cause de la petite proportion de potasse qu’à celle de l’oxyde de fer qu’ils contiennent. La forêt de Coucy, faisait partie des domaines du duc d’Orléans, fournissait le bois nécessaires à la fabrication, et sous ce rapport, la verrerie du Vivier se trouvait aussi favorablement placée que celles de l’Argonnes et de Saint-Gobain, sa voisine (…)

Il fallut remplacer les foyers primitifs en bois par de nouveaux dispositifs appropriés au nouveau combustible, puis relier la verrerie au canal de Saint-Quentin par un chemin de fer, avec double raccordement d’une part de la gare de Chauny au port sur le canal, d’autre part de la gare de Folembray à l’usine et à ses magasins.

Les conditions économiques de transport ainsi réalisées, Folembray devait, de plus compter sur ses concurrences multiplies que sa position désaventageuse avait favorisées. Ayant acquis sur la place de Cognac une clientèle de premier ordre, le gérant tenir à la conserver tout en donnant satisfaction aux grands négociants de la Champagne.
C’est alors que furent décidés et réalisés les travaux de transformation ayant pour objet de substituer aux anciens fours à pots les fours à gaz à travail continu. Entre temps, les procédé de moulage à moule ouvert avait fait place aux nouveaux types de moules fermés. (…) Après ces transformations, la verrerie qui fabriquait 600.000 bouteilles était en mesure d’en fournir 12 à 14 millions et de livrer des produits qui, par leur soin apportés à leur fabrication justifient la réputation dont elle jouissait déjà au siècle dernier et qu’attesteraient encore les maisons les plus renommées de la Champagne et de la Charente.

Junger, Henry. Dictionnaire biographique des grands commerçants et industriels, t. 1. Paris : H. Carnoy, 1895, p. 107-108.

  Courriers de 1890 , 1907,1907, 1907, 1909, 1909 et 1910 qui représentent la correspondance entre la Maison D.Davias et la Verrerie de Folembray.

Revue générales des sciences N°3

Parue le 13 février 1896. Ces chapitres suivants ont était écrit par Mr. Emilio Damour : Chef des travaux chimiques à l'Ecole Supérieur des Mines et ancien ingénieur des verreries de Folembray.


Louis Guéroult était choisi en 1896, comme directeur de la Verrerie de Folembray, situation qu'il occupa jusqu'à sa mort, en décembre 1900.




La machine Boucher a été mise au point dès 1894. Le brevet d'invention a été déposé en 1898. Elle fut primée lors de l'Exposition Universelle de 1900.

L'enjeu de la mécanisation était considérable et de nombreux Inventeurs tentèrent de mettre au point des moules fermés destinés à la mécanisation. Folembray fit preuve de grande audace, soutenant à peu près toutes les initiatives en ce domaine, afin d'être sûr d'acquérir le bon produit avant ses concurrents. Le pari fut payant, puisqu'en 1900, c'est le prix de la qualité de production des bouteilles qui fut attribué à Folembray et aux verreries champenoises ; alors que Boucher, l'inventeur de la machine acquise par Folembray, fut consacré par une médaille d'or.


Extrait des recherches " Le souffle et la marque" par par Noel Barbe, Claudine Cartier, Elisabeth Cibot-Genin, Geneviève Marion, Idrissa Ouedraogo, Michel Philippe

 

1900

Dans cette seconde période de cent années et plus exactement dans les quarante années précédentes, les développements de cette industrie verrière ont nécessité de nombreuses transformations. Le temps n’était plus où de nombreuses et modestes charrettes venaient prendre livraison de quelques centaines de bouteilles pour les transporter péniblement à Reims ou Epernay.

L’emploi de la houille substituant au bois avait fait surgir aux côté des mines, un grand nombre de verreries. D’autres s’étaient placé à proximité des grands centres de consommation, sur les voies fluviales ou ferrées.  Il fallut donc remplacer les primitifs foyers au bois par de nouveaux dispositifs appropriés au nouveau combustible, puis relier la verrerie au canal de Saint-Quentin par un chemin de fer, avec double raccordement d’une part de la gare de Chauny, au port sur le canal d’autre partie la gare de Folembray à l’usine et a ses magasins.

Les conditions économiques de transport ainsi réalisées, Folembray devait de plus compter avec les concurrences multiples que sa position désavantageuse avait favorisée. Ayant acquis sur la place de Cognac une clientèle de premier ordre, le gérant tenait à la conserver tout en donnant satisfaction aux grands négociants de la Champagne. C’est alors que furent décidé et réalisé les travaux de transformation ayant pour objet de substituer aux anciens fours à pots, les fours à gaz à travail continu. Entre temps, les procédés de moulage à moule ouverts avaient faits places aux nouveaux types de moules fermés.

Par suite de ces travaux provisoires sans relâche dans cette première période la verrerie de Folembray qui, il y a cent ans, fabriquait 600.000 bouteilles est en mesure d’en livrer douze à quatorze millions chaque année et de livrer des produits qui, par les soins apportés à leur fabrication justifiait la réputation dont elle jouissait déjà au siècle dernier et qu’attesteraient encore les maisons les plus renommées de champagne et de Charente.

(voir document)

1901

En 1901, une telle machine (machine Boucher) permettait de produire 120 bouteilles de 700 grammes à l'heure. La Verrerie du Vivier posséda donc dès sa "parution" sur le marché la seule machine efficace. Il est cependant intéressant de savoir que d'autres machines furent testées avant celle de Boucher ; ce qui donne la mesure de la détermination des gérants de Folembray : les machines Ashley (G.B.) et Vernay, vers 1888-1894. Sur la machine Boucher, on peut se reporter au rapport Salvetat paru à la Société d'Encouragement à propos de sa distinction à l'Exposition de 1900. Le pari fut donc gagné. "La verrerie de Folembray a augmenté considérablement son rendement. Il y a cent ans (1800), elle fabriquait annuellement 600 000 bouteilles ; actuellement, elle se trouve en mesure d'en livrer 12 à 14 millions". Et celles-ci sont remarquables pour leur qualité irréprochable, la finesse de leurs embouchures et l'égale répartition du verre, qu'il s'agisse des bouteilles de champagne, des 'beaux verres fabriqués spécialement pour les distilleries de Cognac", des bouteilles de Bordeaux, de Bitter des Basques, ou de "la fameuse Thévenotte, la bouteille pansue et monacale à l'usage de la Bénédictine, soufflée Impeccablement, brillante, pimpante...".

Georges Conrad,promotion 1894 "qui y développa la fabrication des bouteilles en mettant au point un système de recuisson continue et le contrôle du recuit par la lumière polarisée et organisa la fabrication des Isolateurs pour toutes tensions".

 

Extrait des recherches " Le souffle et la marque" par par Noel Barbe, Claudine Cartier, Elisabeth Cibot-Genin, Geneviève Marion, Idrissa Ouedraogo, Michel Philippe

C'est vers 1901 que Monsieur Conrad, étant Directeur, se lança résolument dans la fabrication de l'isolateur en verre.(voir document) :

        "La fabrication de ses isolateurs en verre est toute récente. Elle date de 1899. L’initiative de cette nouvelle application du verre appartient au comte de Brigode, gérant actuel de la verrerie de Folembray,    et à l’ancien directeur M. Guéroult.

Le directeur actuel, M. Georges Conrad, poursuivant cette idée, a pu créer une initiative rivale des porcelaineries.

C’est que le verre employé réunit toutes les conditions techniques et désirables de résistance et d’isolement aussi bien pour les communications à grande distance que pour les transports d’énergie électrique. Le verre de Folembray est beaucoup moins alcalin que le verre de gobeleterie, ce qui augmente considérablement les difficultés de moulage mais lui assure au point de vue de l’isolement électrique des avantages que le verre de gobeleterie en saurait avoir.

La recuisons parfaite assurée et contrôlée par un procédé spécial de la verrerie de Folembray garantie aux produits livrés une résistance à l’isolement et à la traction de beaucoup supérieure à la porcelaine. Les différents essais qui ont été faits, les références sérieuses qui nous ont été données, le développement rapide de cette nouvelle branche industrielle sont autant de preuve de la supériorité de nos produits. Nos premiers essais ont été récompensés d’une médaille d’argent à l’exposition universelle de Paris de 1900. En 1904, le jury accordait à l’exposition internationale de Saint-Louis une médaille d’or.

Cette année, nous arrivons à Liège avec un assortiment complet de pièces isolantes, depuis la simple rondelle et la petite poulie de 20 mm jusqu’à l’isolateur quadruple cloche de 30 cm de diamètres destiné à être utilisé pour des tensions supérieures à 50.000 volts.

Et notre isolateur de troisième rail, en service actuellement sur le réseau de la Compagnie d’Orléans y fait, pensons-nous, très bonne figure. Il nous parait inutile de désigner télé ou telle grande administration, nous avons l’assurance que l’emploi de nos isolateurs leur a donné complète satisfaction."

En 1909, la verrerie de Folembray possède un laboratoire pour les essais mécaniques et électriques de ses isolateurs. Cette installation fonctionne jusqu’au 1er juin 1913. Elle comprend un groupe de convertisseur de 17 kW alimenté en courant continu de 225 volts.

 

Extrait d'un catalogue de 1913 des isolateurs en verre de Folembray : couverture, page 1page 3, page 4, page 5, page 6, page 12, page 27.
Extrait d'un catalogue de 1907 des isolateurs en verre de Folembray : couverture, table des matières, plan d'isolateur

Facture de 1914 prouvant la fabrication d'isolateurs N°23,22,502,524,553,210,211,285,286,287 et de la fabrication de tirefonds, de ferrures à la Verrerie de Folembray.

Facture de 1947 pour l'électricité de France à Besançon : ex société des forces motrices de l'EST

En 1914, l’atelier de Chryso est achevé. Cette usine spéciale, par une douloureuse malchance se trouvait achevée en 1914. Les essais avaient été suivis depuis plusieurs années et la fabrication allait commencer lorsque la guerre éclata.

Le 2 septembre 1914, le village est occupé par les Allemands qui l'abandonnent en Mars 1917.

L'entrée de la verrerie de Folembray pendant l'occupation.

 

A la verrerie, on utilise le site comme garage mais aussi comme lieu pour réparer les canons et l'armement. On y installe également une imprimerie pour les cartes d'état major. (Livre : le gobannais en guerre 1914-1929, Fabienne Bliaux). Pendant cette guerre, la verrerie était sur la ligne de feu pendant quatre ans et elle a etait  complètement rasée.

 

photo en 1919 prise en haut des bureaux

Ils y reviennent  le 8 Avril 1918 lors de combats particulièrement violents au cours desquels le village et la verrerie sont entièrement rasés. Au moment de la 1er guerre mondiale, les BRIGODE sont toujours les propriétaires de la Verrerie.

Dés la fin de la guerre, le comte Gaston de BRIGODE, alors propriétaire de la verrerie et Maire de FOLEMBRAY, reconstruit en totalité le village et la verrerie. Il recherche dans les ruines : ses affaires personnels , les livres, les archives de la verrerie et de la commune, mais presque tout a disparue.   Un organisme puissant vint apporter son concours et changer la face des choses. A peine rentré de captivité (fin 1918) M. le comte Gaston de Brigode, oubliant ses privations, ses pertes et ses soucis, estime qu'il importe d'agir avec rapidité et charge le Directeur des Verreries M. Conrad, Ingénieur des Arts et Manufactures, Capitaine aux armées, de concevoir le plan entièrement nouveau de reconstruction. L'idée dominante est d'édifier des usines correspondant à toutes les nécessités de la technique moderne. Dès Janvier 1919 M. conrad s'installe dans les ruines avec quelques hommes déterminés, et le travail commence au milieu de difficultés toujours renouvelées.

Peu après, l'œuvre "pour les hôpitaux militaires" établissait à Folembray un poste de secours sous l'active direction de sa présidente Madame la Marquise de Noailles, dont le dévouement s'est dépensé sans compter. La maison Limousin, de Paris, spécialisée dans les travaux de ciment armé, fut chargée de l'entreprise générale de toutes les constructions utiles à la verrerie, sous la surveillance de l'architecte M. Albert Perron.Les animateurs de cette oeuvre de reconstitution comprirent que, pour assurer le recrutement de la main d'œuvre indispensable à la réalisation de ce vaste programme, il fallait donner aux intéressés les éléments indispensables à leur existence. Et c'est ainsi que, parallèlement aux constructions industrielles, on relève les anciennes maisons ouvrières appelées "les maisons neuves", sur la route de Chauny, ainsi que les "maisons rouges", près du passage à niveau du chemin de fer. On crée également un nouveau groupe appelé "les Tournelles", situé au Bois de Midi, près de la chaussée Brunehaut. Ce fut l'œuvre de la société "la Semeuse".

Ces dernières habitations, construites chacune sur 600 mètres carrés de terrain doivent devenir, si l'expérience réussit, un bien de famille. Plus de 80 logements ouvriers ont été achevés. Les usines en possédaient avant guerre environ 180.

Les ouvriers peuvent, en effet, les acheter selon les clauses et conditions d'un cahier des charges-type, et les paiements doivent avoir lieu par annuités, échelonnées selon les facultés financières de l'acquéreur. L'administration des Verreries consent cette vente à des prix voisins de ceux d'avant-guerre, renonçant à tout bénéfice pouvant résulter du coefficient actuel de reconstruction faite au moyen de dommages de guerre. C'est ainsi qu'une maison qui aura coûté réellement 30 000 francs, par exemple, sera vendue aux environ de 10 000 francs.

Dès l'automne 1919, les premiers bâtiments sortent de terre. Les ateliers nécessaires aux divers services des usines sont entrepris en premier lieu, ainsi que la reconstruction d'un des grands fours à bassin, ou la fusion du verre s'opère par le gaz enflammé

En Juillet 1920 ce four était achevé et, le 18 Octobre suivant, on recommençait la fabrication des isolateurs en verre (que les ouvriers appellent des tasses) nécessaires aux lignes d'énergie électrique à haute tension - triple, quadruple et quintuple cloches, - ainsi que ceux destinès à l'administration des télégraphes et des téléphones.

Folembray est, en effet, l'usine créatrice de ces derniers isolateurs qui commencèrent à être utilisés vers l'année 1900, aux lieu et place de ceux en porcelaine (Kaolin) d'un isolement électrique équivalent, mais d'un prix un peu plus élevé. Cette initiative revient au Directeur de l'époque, l'actif M. Guéroux, qui fit les premiers essais de fabrication. Après sa mort prématurée, M. Conrad les reprit et les mit complètement au point.

Pour l'eau industrielle, la maison Limousin construisit un réservoir en ciment armé d'une capacité de 800 mètres cubes. Commencé en Février 1920, il était achevé au mois d'Août de la même année.

Puis, les ateliers complémentaires indispensable : ajustage, forge, briqueterie réfractaire, ateliers de broyage... s'élèvent et s'achèvent. Les grands bureaux, quelques annexes, les maisons des ingénieurs et les grands magasins destinés au stockage de tous les produits fabriqués par les usines de Folembray, seront terminés courant 1922.

Réception de M. Millerand le 16 août 1920.

 La verrerie dont l'ensemble est inauguré le 16 août 1920 par Monsieur Millerand, Président du conseil des ministres, accompagné par M. Saint, préfet de l’Aisne et des principales personnalités de l’O.R.I., M. le colonel Prangey, M. l’ingénieur de Vesvrotte, chef du troisième secteur, vient visiter les chantiers. Aussitôt aprés, commenaient la reconstruction de la halle des deux autres grands fours,pour la fabrication des bouteilles de Cognac et Champenoises, la halle des carcaises ou fours à recuire, les ateliers du "Chryso" produit spécial breveté pour les dallages et revêtements.

Cette usine spéciale "Chryso" filiale de la verrerie, se trouvait achevée en 1914, les essais avaient été suivis depuis plusieurs années et la fabrication allait commencer lorsque la guerre éclata. La fabrication repris au commencement de l'année 1922. "Chryso" était un moyen de coller des carreaux de verre, de porcelaine ou de faïence sur les murs. Brevet N° 17988, 1906-08-10 : Société le Chryso-Cérame.

La verrerie de Folembray à fabriqué beaucoup de ces carreaux décoratifs en verre et utilisé ce procédé breveté.

 

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Catalogue de 8 pages des revêtements et dallages dit "Chryso" : "Manufacture qui se trouvait dans la Verrerie"

 

 

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Dallages retrouvaient sur le sol d'une maison de folembray

 

 

 

 

Plan d'un fourneau à l'échelle 1/20 après 1920.

 

Le 16 avril et le 8 juin 1921, le Comte Gaston de Brigode apporte des biens immobiliers, des terrains et du matériel à la société des verreries : Voir acte du notaire. Le 1er juillet 1921, les verreries de Folembray se sont transformé en société anonyme au capital de 8.000.000 francs sous la régime de la loi française, suivant acte reçu par Me De Ridder, notaire à Paris le 16 avril et 8 juin 1921. Le 7 juin 1924, le capital a été porté à 10.000.000. La société est inscrite au registre du commerce de la Seine n°252.430 B.

 

Plan de la nouvelle verrerie reconstruite

Tenant de sa mère, le Compte de Brigode consacra sa vie à son industrie et aux oeuvres sociales qui en dérivent : les retraites ouvrières fonctionnent et, bénévolement, la Verrerie assure à ses ouvriers une retraite complémentaire.

 Il construit un bâtiment qui s'appelait "La pension Saint Laurent" pour les jeunes gens, originaires des départements voisins ou éloignés, sont logés, entretenus, instruits et guidés par la verrerie.
La visite médicale des enfants est également établie. Deux infirmières visiteuses secondent le médecin. Un dispensaire, fonctionnant deux fois par mois, a également été fondé et des allocations sont allouées aux mères de familles nombreuses.

broche pour les adhérents de l'association "Union des familles de Folembray"

Les associations mutuelles viennent encore ajouter leurs bienfaits sous le nom de : Union des familles, fondée en 1906.  Amicale ouvrière des Verreries de Folembray, fondée en 1929.

Une saucière (de 24 cm de longueur) et 2 assiettes fabriquaient par l'entreprise "Sarreguemines Vaisselle France". Cette entreprise, qui existe depuis 1748, fait de la vaisselle personnalisée.

Visite de la verrerie de 1919 à 1922 en images

 

 

Le verre SIBOR est lancée en 1920

Le verre SIBOR, une filiale de la verrerie est lancée en 1920 et parait devoir être adoptée dans les laboratoires et les pharmacies.Un verre qui utilise une nouvelle composition résistant aux différences brusques de température. Ce type de verre était originaire de la société SIBOR Verrerie de Romont en Suisse ( Société Industrielle de Borosillicates).

 Le 20 Janvier 1933, la direction des Verreries invite ses clients et ses représentants pour vanter le mérite du Verre Extra dure "SIBOR" et faire une visite de l'usine pour qu'ils puissent se rendre compte des moyens de production. 

Objets en verre Sibor,  l'ancêtre du verre Pyrex.

 

En 1939, la Socitété SIBOR Verrerie de Romont avait également un accord avec le verre PYREX. Avec ce nouveau accord, la verrerie de Folembray était autorisée à fabriquer pour PYREX avec l'inscription SIBOR.

L'électricité règne partout en souveraine. La station centrale, prévue pour toutes les extensions possibles, reçoit le courant à 15 000 volts de la compagnie électrique de la vallée de l'Oise, par l'intermédiaire de l'usine de Beautor ,avec transformateur. De la centrale électrique de la Verrerie partent également des câbles destinés à alimenter un groupe générateur, et un transformateur de 200 000 volts pour les essais des isolateurs à très haute tension. Un autre groupe est prévu pour un transformateur permettant d'élever le potentiel à 650 000 volts.

 

isolateur en verre pour 75000 volts soumis à l'arc électrique dans la salle des essais.

 

D'autres part, les installations sanitaires ont été l'objet de sérieuses préoccupations. C'est ainsi que furent établis : vestiaires, lavabos à eau chaude, fosse septique à chasses d'eau automatiques, salles de douches et de bains.

Toutes les commandes des services d'eaux potable et industrielle sont actionnées à distance, de la salle des machines.

Dans les ateliers, chaque machine est actionnée par son moteur d'où la suppression des transmissions et courroies, causes de tant d'accidents. Cette disposition permet en outre de placer des machine-outils dans n'importe quelle partie d'atelier où sa présence peut supprimer une main d'œuvre inutile. Plusieurs ascenseurs électriques, monte-charges, facilitent les manutentions dans les bâtiments principaux, notamment dans la poterie réfractaire. Dans les grands magasins où la main d'œuvre était nombreuse et bon marché avant la guerre, plusieurs ponts roulants munis de chariots électriques automoteurs sur runways permettront par leur action propre combinée avec des procédés de stockage conçus sur des bases nouvelles, la suppression de la main-d'œuvre inutile.

Cette installation est complétée par une travée de 130 mètres de longueur dans laquelle deux voies de chemin de fer sont desservies par un pont roulant électrique de 5 tonnes. Une particularité de ce pont roulant est qu'il circule dans l'extrémité de la travée au-dessus du vide qui constitue à 6 mètres en contrebas, le sol des ateliers Chryso et des isolateurs synthétiques. Ces deux départements se trouvent ainsi aussi bien desservis que s'ils se trouvaient de plain pied avec l'ensemble des usines.

Aux avantages offerts par de beaux bâtiments vastes, aérés , admirablement éclairés par les verrières des lanterneaux, la direction a voulu adjoindre le confort indispensable d'une installation moderne.

Le chauffage est réalisé par une salle de chauffe centrale, en utilisant les anciennes chaudières semi-tubulaires de la station centrale  existant à l'usine avant la guerre et que l'ennemi n'avait pas dynamitées. L'eau chaude est envoyé dans les radiateurs jusqu'à 200 mètres de distance. La circulation se fait à l'aide de pompes électriques qui, par grand froid, peuvent faire circuler par heure 75 mètres cubes d'eau à 90 degrés.

Les différents services ou ateliers des Verreries occupent une superficie de 12 hectare et, en 1925, les bâtiments couvraient 30 000 mètres carrés.

De 1920 à 1929 s'écoule une période faste pour la verrerie qui emploie 750 ouvriers, et le chiffre annuel d'objets fabriqués atteint plusieurs millions. Trois Fours fonctionnent en permanence pour produire des bouteilles, des isolateurs électriques, des bocaux, des meubles en verre de luxe, etc. .....Les méthodes de fabrication du souffleur ont peu changé.

   
  A partir de 1922, la verrerie commence à fabriquer des bocaux à conserver de marque DURFOR. Ces bocaux sont de plusieurs formes et de tailles.  Au début de sa fabrication, les bocaux ont la couleur familère du Folembray et au fil des ans , les couleurs ont changé et différentes marques sont apparues : SAVOR, CF, RAPID...  Les bocaux ont continué à être fabriqué juste après la seconde guerre mondiale.

Photo de l'exposition de 2008 aux Etats Unis par Elizabeth & Jim Bergman


Les bocaux  : 

  Durfor

  Rapid

  CF

Savor

  sans marque

Solidor et Solidex

L'idéal

MAD

 

Liste des ouvriers et des employés qui ont obtenu la médaille d'honneur et du mérite principalement dans la verrerie de Folembray en 1922.(fichier PDF 40 Mo)

 

 

Photographie aérienne des usines de Folembray vers 1925

1929, 6 juin

            Excursion de la Société historique de Compiègne :

Bientôt nos autos nous déposent à la grille des Verreries de Folembray que nous pouvons visiter grâce à l’aimable autorisation de M. Conrad, le directeur de l’usine. La visite des Verreries et des fours près desquels se fabriquent des milliers de bouteilles, de tubes et d’isolateurs électriques ont vivement intéressé les membres de la Société. Quel pénible métier que celui de souffleur de verre ! La dure existence des jeunes gens qui, dans cet enfer, travaillent sans repos pour préparer et terminer les pièces de verre a excité notre compassion et c’est avec plaisir que nous leur avons donné notre obole en quittant la salle des fours.

Les expériences faites en notre présence dans l’atelier de réception des isolateurs électriques donnèrent le frisson a plusieurs de nos collègues. Sous un courant formidable de 200.000 volts, les isolateurs en verre placés sur le banc d’essai sont entourés d’éclairs impressionnants, de flammes capricieuses et de craquements sinistres (…)

De Folembray, nous mettons le cap en direction de la gare de Coucy.

Procès verbaux, rapports et communications diverses de la Société historique de Compiègne, 1929, p. 85 et 86.

 

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Voici deux tampons de l'administration de la verrerie de Folembray : le tampon de monsieur le directeur et le tampon du service isolateur.

 

La Società Italiana Isolatori Folembray de Fidenza est  fondée en 1921 en Italie. Cette nouvelle société travaille en collaboration avec la verrerie de Folembray. Leur bureau principal et leur usine étaient situés : Via Gaetano Negri 4, Firenza, Italie. Ils avaient également un agent général à Milan. Cette " Società Italiana Isolatori Folembray " fournissait : la "società per le  Ferrovie de Nord"  à Vitterbo, le ministère des postes et télégraphes Italien, les chemins de fer de l'état Italien.(Source : documents sur S.A.I.I.F.).  En 1933, la Società Italiana Isolatori Folembray est rebaptisé Fidenza Vetraria.

affiche de 1928

 

La Brique de verre de Folembray

Dès 1932, deux entreprises monopolisaient le marché italien des briques de verres : la Fabrica Specchi e Lastre Colate di Vetro, filiale de la société Saint-Gobain à Pise, qui démarra la production vers 1924, et la Società Italiana Isolatori Folembray, de Fidenza, fondée en 1921 et rebaptisé Fidenza Vetraria en 1933. Au verre"ultraclair" de la société Saint Gobain, la firme Folembray opposait le verre spécial (VS) Iperfan qui garantissait - comme son concurrent - résistance et luminosité élevées et constantes dans le temps. La face supérieure des briques de verre de la firme Folembray était parfaitement lisse (on craignait que les irrégularités ne se remplissent de poussiére) tandis que la décoration caractéristique en cercles concentriques, également utile pour masquer la vue, était réalisée sur la face interne( Repertorio 1934 dei materiali per l'edilizia e l'arredamento, Milan, Editoriale Domus, 1934, pp. 134-136).

Au  début des années 1930, la brique de verre occupait certainement une place de choix dans les catalogues de la construction et dans les expositions techniques. Si le manuel d'Enrico Griffini, mis sous presse en octobre 1931 ( E.A. Griffini, Costruzione razionale della casa. I nuovi materiali, Milan, Hoepli, 1932,pp. 123-131), ne mentionnait que les modèles de la société Saint-Gobain, les briques de verre prismatiques VS de la firme Folembray étaient présentes à la IIIe Mostra Tecnica Edile, organisée à Milan en été 1932 ( La III Mostra del Sindacato fascita architetti di Milano. Il vetro e il cristallo nell'edilizia e nell'arredamento, in L'industria del Vectro e della Ceramica, 1932, août, pp. 342-345)....

....Le 10 mai 1933, lors de l'inauguration du Palazzo dell'arte de Gioanni Muzio à Milan, on put admirer les 230 m carré de plancher en vetrocemento réalisés à l'aide de solives en saillie et de briques de verre Iperfan de marque Folembray.(Il s'agit du sol des loges entourant les galeries d'expostion au premier étage : les portées dépassent pas 3m et la configuration est en nervures saillantes.)

Durant l'été 1933, Terragni experimenta le vetrocemento dans la célèbre paroi du bureau de la Maison sur le lac pour artiste, réalisée à l'occasion de la Véme Triennale de Milan. Tout de suite après, il commença à réaliser les dessins exécutifs pour la couverture de la salle de réunion de Casa del Fascio de Côme. Lorsqu'au printemps 1934 les devis furent demandés, les entreprises présentèrent chacune plusieurs propositions puisqu'il n'avait pas encore été décidé si la couverture, dotée de surfaces de grande portée, serait réalisée à l'aide de solives encastrées ou en saillie. C'est ainsi que les diverses solutions furent comparées, telles qu'un système de briques en verre Novalux ou Iperfan VS39 - donc à solives encastrées - ou des possibilités à solives saillantes à réaliser au moyen de Quadralith, Luxfer 800 et 604, Iperfan VS42 ou VS30. Le travail fut confié à la société Folembray qui proposait le prix le plus bas et la solution à solives saillantes. Mais l'entreprise opta finalement pour des briques de verre VS41bis, fixées ensemble au moyen d'une soudure autogène selon un brevet déposé en juin 1932 ( Soc. An. It. Isolatori Folembray, Milan, Brevet n°307077, Blocchetto cavo di vectro per la formazione di strutture editizie traslucide, 4 juin 1932)

L'entreprise Fidenza Vectaria n'avait en réalité pas encore l'expérience nécessaire pour effectuer un travail aussi délicat : ainsi, avant 1934, elle fut contrainte d'intervenir, en raison de problèmes d'étanchéité, sur la couverture de la salle de gymnastique de l'école Raffaello Sanzio d'Adalberto Libera à Trento, qui venait d'être achevée avec des panneaux de vetrocemento à solives saillantes et briques de verre VS42. A cette occasion, l'entreprise avait opté la solution discutable de superposer une seconde couche de brique de verre VS31, de mêmes dimensions sur le plan mais plus épaisses, ce qui ne parvenait pas à résoudre les problèmes d'étanchéité.

L'architrave le plancher la plate forme - Nouvelle histoire de la construction sous la direction de Roberto Gargiani  Page 700-701

Cartes prouvant l'exportations d'isolateurs entre la société de Folembray et la Sociéta Anonima Italiana Isolatori Folembray à Findeza (Italie) en 1931 et 1932 :

            

 

Couverture d'un catalogue de 1928 d'isolateurs.
Les isolateurs créaient de 1899 à 1934 sur la verrerie de Folembray

 

En 1934, c'est la fin de la fabrication des isolateurs. Le four pour les isolateurs est éteint, 156 ouvriers sont inoccupés. (le journal officiel parue le 22 juin 1934).

 

 

 Le Comte Gaston de Brigode ferme les écoles de son usine destinées aux ouvriers et à leurs enfants en 1934. Une école ouverte vers 1871 par  le maire Mr Labarde à l’intérieur de la verrerie pour les enfants qui ne peuvent fréquenter celle du village où chaque semaine une conférence religieuse leur est faite.

 

 

 

Le 11 avril 1937, Le Comte Gaston de Brigode meurt

1939, la deuxième guerre mondiale éclate; des ouvriers partent au combat. Des jeunes, à partir de 14 ans et les anciens verriers remplacent les ouvriers mobilisés. La verrerie devient une Société Anonyme dont le Président est Monsieur le duc DE GRAMONT. En 1939, les verreries de Folembray ont été mobilisées pour la fabrication d’un matériel de défense nationale. Elles ont été occupées en partie par l’Etat major du général Billote d’octobre 1939 à mai 1940.

Le 16 mai 1940, l’aviation allemande bombarde l'usine.(AD Aisne ; 968 W 4091) et le 17 mai 1940, les allemands occupent l’usine.

De 1942 à 1944, les Allemands ferment l'usine et y installent un dépôt de vivres destinés à la Kriegzmarine. D'autre part, dans les carrières de BERNAGOUSSE au Nord de la verrerie, est installé un dépôt de munitions dans lequel sont stockés entre autres une partie des fameux V1.

En juin 1944, l'usine est bombardé par l'aviation française (AD Aisne ; 968 W 4091). De 1945 jusqu'en mai 1946, l'armée américaine occupe l'usine et  Marcel Georges Brudo est directeur de la verrerie de Folembray à partir de 1945.(AD Aisne ; 968 W 4091)

En septembre 1944, FOLEMBRAY est libéré par les troupes américaines qui y installent un centre de triage et d'expédition des effets et matériels de leurs soldats tués au cours de la campagne. Des employés de la région de Paris venaient la semaine sur Folembray pour effectuer ce travail.

 

1945

Rapport d’expertise des dommages de guerre

- Bâtiment I : 80 m + 33 m de long sur 45 m + 25 m de large, construit en 1925. Surface au sol de 2100 m2 et 1600 m2 au premier étage. Bombardé en mai-juin 1940.

-    Bâtiment V : Magasins généraux 75 m de long sur 28 m de large, 5,50 m de hauteur construit en 1925. Surface au sol de 4425 m2, bombardé en août-septembre 1944. Taux de destruction : 20%. (Bâtiment endossa par bombes incendiaires. La partie avant vers la cour est déchiquetée. la partie arrière qui a aussi beaucoup souffert, est à démolir également. Ne peut être utilisé normalement.

-    Bâtiment VI : Composition et poterie. 75 m de long sur 34 m de large, construit en 1926. Surface au sol de 2550 m2. Bombardé en août-septembre 1944. Construction en béton armé, fermes et voûtes en béton armé. Piedroits remplissage en aggloméré. Chassis vitré en façade. Travaux de réparation exécutés par Paul Pinard, architecte à Barisis (Aisne).

-    Bâtiment VI bis : 27 m de long sur 15 m de large, construit en 1925. Surface au sol de 405 m2. Bombardé en août-septembre 1944. Construction en béton armé, fermes et voûtes en béton armé. Piedroits remplissage en aggloméré. Chassis vitré en façade. Travaux de réparation exécutés par Paul Pinard, architecte à Barisis

AD Aisne ; 968 W 4088

1950

Rapport concernant les dommages subis par les verreries de Folembray, établi par Maurice Cabet, architecte Dplg à Tergnier (27 rue Aristide Briand).

L’ensemble des usines, atelier, bureaux, maisons ouvrières a subi des dégâts importants provoqués par les circonstances suivantes :

Le 16 mai 1940 : des bombardements par avions allemands ont principalement casé les dommages des bâtiments E, du four III, du bâtiment diesel, du bâtiment des électriciens et du hangar de déchargement.

En mai juin 1940. Des bombardements par artillerie française, lors de la bataille de l’Ailette, ont causé principalement des dégâts aux logements ouvriers en aggravant les dommages des bâtiments E, et causant des dégâts disséminés dans l’ensemble de l’usine, suivant détails portés aux devis.

En juin 1944, des bombardements aériens ont causé les gros dommages des ateliers F, au bâtiment G, au bâtiment H, au bâtiment I, au bâtiment J, aux canalisations, au mur de clôture côté voies SNCF. Egalement les dommages des annexes  : garage, chaufferie, murs de clôture, pavillons divers, etc.

Enfin, de juin 1943 à août 1944, les usines ont été occupées par les troupes allemandes, les dommages importants, conséquence de cette occupation sont détaillés dans les devis estimatifs.

AD Aisne ; 968 W 4089

Les chiffres d’affaires avant le sinistre ont été : en 1936-1937 : 6.540.064 francs ; en 1937-1938 : 11.852.341 francs ; en 1938-1939 : 10.659.446 francs. Les dommages de guerre s’appliquent d’une part à des bâtiments qui relèvent de la compétence d’un architecte, et d’autre part à des matériels, outillage et stocks professionnels qui font l’objet du présent rapport. La société des verreries de Folembray a été déclarée prioritaire.

Le 3 juin 1946, l'usine ouvre partiellement ses portes mais ne fabrique plus d'isolateurs électriques. Par contre, elle continue de produire des bocaux.

En 1950, le fils du directeur est tué accidentellement par un pont dans la verrerie. De 1950 à 1952, des conflits sociaux éclatent entre la direction et les syndicalistes : le syndicat devenait trop exigeant et les salaires étaient les plus élevé de la région. Le directeur décide de fermer définitivement l'usine le 2 août 1952. Les Verreries Charbonneaux à Reims reprennent les productions de la verrerie de Folembray.

Article de journaux sur la situation de la Verrerie :

Article de la "Dépêche de l'Aisne", le jeudi 14 août 1952.

Article de la "Dépêche de l'Aisne", le 23 août 1952.

Fin 1953, c'est l'armée française qui s'installe au Vivier. Le conflit d'Indochine, puis celui d'Algérie nécessitent des dépôts de matériel et l'arsenal de La Fére devenant trop petit, une annexe est implantée dans les anciens bâtiments industriels. Le service du matériel acquiert donc cette propriété en 1953 et y implante le deuxième BRMG(caserne militaire).

Le C.M. est chargé de la protection de ses installations de face aux menaces principales : l'intrusion , le vol ainsi l'incendie.

Le C.M. disposait de militaires du rang et de chiens de garde, et en matériel d'une motopompe incendie pour concourir à lutter contre ces menaces.

Celui-ci dissous, l'annexe du CM91 est transférée de la FÈRE à FOLEMBRAY le 1 octobre 1968 et y restera jusqu'au 1 juillet 1973, date de la création du Centre Mobilisateur 287 (CM 287) est implanté dans l'ancienne verrerie de Folembray; elle même construite dans la propriété de l'ancien château du Vivier.

Le CM 287 quitte les lieux en 1993 pour s'installer à Laon. L'épisode militaire du Vivier aura duré 40 ans.

En attente du nouveau propriétaire, l'ancienne verrerie a servi en 1994 de centre de rétention pour le Ministère de l'intérieur. De nombreux Folembraysiens se souviennent encore de la venue "d'islamistes" qui ont valu à Folembray les "honneurs" des médias nationaux et internationaux.

Après de nombreuses tractations, les bâtiments du Vivier et les logements du site furent cédés à la commune de Folembray. La revente d'une partie du domaine a permis de financer la totalité de l'achat. L'ancienne pension Saint Laurent, ex foyer militaire, est devenue "Centre de rencontre Rural et Culturel" et abrite les associations locales. Le bâtiment de l'infirmerie des armées a été aménagé pour accueillir la maison inter cantonale de la Petite Enfance.

 

 

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