Travail du verre, emploi des moules métalliques fermés.

Extrait de la revue générales des sciences n°3 de Mr Emilio Damour ( ingénieur des verreries de Folembray)

 

Le Principal progrès réalisé dans la confection des bouteilles résulte de l’emploi des moules métalliques fermés.

Cette transformation est la même que celle en cristallerie pour la fabrication des verres à calotte : Elle substitue au travail par modelage sans moule, partie la plus délicate de l’art du verrier, un façonnage dans un moule complètement fermé, qui donne à la bouteille sa forme extérieure, quelle que soit l’habileté de l’ouvrier, ne laissant plus à son art que le rôle, d’ailleurs très difficile encore, de bien répartir le verre suivant une épaisseur parfaitement égale.

Les moules métalliques fermés furent essayés entre 1870 et 1880 et furent, pendant cette période, l’unique préoccupation des maîtres de verrerie : Ils furent l’objet de luttes de brevets aussi après que stériles, entraînant des procès sans fin, où le rôle de la justice était vraiment bien difficile en présence de tant d’inventeurs qui n’avaient puisé que dans le domaine public ; les plus habiles qui se sont poussés ont eu le dessus. Il serait bien à souhaiter que de telles luttes ne se reproduisissent plus, au jour, prochain peut-être, où le moule, permettant la fabrication entièrement mécanique des bouteilles, entrera en application.

L’idée des moules métalliques fermés n’était pas nouvelle et, de tout temps, la flaconnerie s’en est servie, notamment pour les fioles non symétriques ; mais ces moules présentent deux inconvénients : celui de laisser paraître la couture du moule, si parfaitement ajusté qu’il soit, et celui de donner à la bouteille un aspect martelé diminuant l’éclat et la transparence du verre. D’ailleurs, en raison des propriétés du verre au contact du fer, les moules métalliques exposent à avoir fréquemment des fêlures dites glaçures ou amènent la rupture de la bouteille, et cela d’autant plus que le verre en est moins fusible et moins plastique que le verre de gobeleterie.

 

 

Moule à bouteilles (système Tronchet). L'ouvrier place sa paraison en M entre les deux moitiés du moule ; puis il appuie sur la pédale P ; le mouvement se transmet par un système  de leviers aux contrepoids N N  qui se relèvent et contraignent les deux moitiés du moule à s'appliquer l'une contre l'autre en donnant à la masse de verre la forme qu'elle doit avoir. En même temps, on appuie sur la pédale P' qui, au moyen d'un levier, soulève une tige qui vient appuyer contre le fond de la bouteille et lui donner la piqûre. L'opération terminée, on lâche les pédales, les contrepoids retombent, le moule s'ouvre et on retire la bouteille.  

 

 

 

Pour éviter le martelage et la couture, il suffit que la paraison ne soit pas immobilisée dans le moule, soit qu’on la fasse tourner autour de l’axe de la canne, soit que, tenant la canne immobile, on fasse, à l’aide d’un mécanisme, tourner le moule autour de la paraison.

De là les deux systèmes de moules qui se partagent la verrerie : moules tournant (Anpecle, Chartier) et moules fixes. Aucun de ces systèmes ne remédiait au défaut de la glaçure, qui longtemps arrêta complètement l’essor des moules fermés, jusqu’au jour où l’on eut l’idée d’introduire dans le moule, en même temps que la paraison, une paille ou un copeau : Cette matière organique, se consumant immédiatement, dépose à la surface du métal une mince couche de noir fumé qui suffit à empêcher la glaçure. Cette idée, la seule qui n’avait pas été brevetée, a seuls permis l’usage des moules métalliques.

 

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