Archives de la verrerie et de la commune

 

 En rentrant à Folembray, le Directeur des Verreries eut un souci particulier parmi tous les autres : celui de rechercher les archives cachées. Elles avaient été placées dans une cave murée, avec les registres et documents divers appartenant à la commune.

La fameuse bouteille, soufflée en 1720 par le fondateur de la verrerie "Thévenot", avait été emportée dans ses bagages par M. le comte de Brigode.

Cette bouteille, précieuse relique, est l'ancêtre de la bouteille "Bénédictine " actuelle.

Les Allemands n'ayant pas découvert la cachette, une partie des archives fut sauvée.

Mais la "Thévenotte" n'est plus intacte. En cours de voyage, les bagages de M Brigode furent sans doute malmenés, car un choc provoqua sur une face de la bouteille un petit éclat de verre. Mais une de ces bouteille existe encore , elle est exposé au musée des civilisations de l'Europe et de la méditerranée à paris.

 

Le brevet du 31 Janvier 1709 du Duc d'Orléans est également en bon état, et nous pouvons le reproduire du nom de fondateur de la Verrerie de Folembray est "Gaspard Tévenot". Mais après examen des différents documents conservés par la société des Verreries, nous sommes fondé à penser que le rédacteur du dit brevet n'a pas du s'inquiéter de ce détail. En effet, les autres pièces officielles portent bien " Gaspard Thévenot", et non "Tévenot". Nous continuerons donc à écrire "Thévenot".

La Société des Verreries possédait aussi deux sceaux ou cachets provenant de l'ancienne Verrerie Royale. Laissés en 1914 dans le cabinet de travail du Directeur, ces deux objets ont disparu pendant la tourmente.

Ils avaient la forme indiquée, et leur utilisation a eu lieu entre 1715 et 1792.

Évacué de Folembray en Mars 1917 pour aller résider à Fourmies, le Maire, M. le Comte de Brigode, avait pu emporter ses papiers personnels.

A destination, et devant l'incertitude du lendemain, il jugea prudent de les cacher dans un mur. Mais cette période troublée réservait, chaque jour, des surprises déconcertantes. Le hasard voulut que, de l'autre coté et contre ce mur, les Allemands aient installé une chaudière. La chaleur dégagée par le foyer, et communiquée par les briques, fut telle que le jour ou l'ouverture de cette cachette fut possible, on constata avec stupeur que les papiers étaient réduits à l'état de poussière.

Un huissier, appelé pour le constat, ne put qu'enregistrer les dégâts.

Avant de quitter Folembray, M. le Comte de Brigode avait vu le général commandant, installé au château. Celui-ci lui conseilla d'emballer tout ce qui était précieux : peintures de prix, tapisseries de valeur, argenterie, collection de vases de Sévres, portraits de famille... et de les placer dans les caisses qui seraient adressées, par les soins se son État-major, au siége du Corps d'Armée en garnison à Leipzig.

C'était courir une chance de retrouver ces souvenirs ; M le Comte de Brigode la tenta.

Les caisses furent remises contre reçu à l'officier désigné, et le Maire quitta son domicile et sa résidence avec un léger espoir.

Après l'armistice, M. de Brigode réclama son dépôt. Les caisses furent effectivement renvoyées de Leipzig et dirigées sur le palais du Trocadéro, à Paris, ou fonctionnait une commission spéciale chargée de procéder à l'ouverture des envois d'Allemagne, et surtout aux constations. Ces dernières furent navrantes pour le propriétaire destinataire. Les peintures et les Tapisseries avaient disparu, la collection de Sèvres était brisée, enfin les pièces d'argenterie étaient remplacées par un poids égal de pierres.

Seuls, quelque portraits de famille, n'ayant que la valeur du souvenir, étaient restés intacts. Tout était donc perdu, y compris la bibliothèque de 5 000 volumes laissée à Folembray. Les ouvrages rares ou de prix avaient été enlevés par l'ennemi avant l'incendie du château, et on ne retrouva dans les sous-sols que des livres ordinaires et autres objets sans valeur. Ce qui était encore en assez bon état fut expédié à Compiègne, et entreposé provisoirement chez M. le Comte Foy.

 
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