L'histoire des cloches de l'église de Folembray

(d'aprés le bulletin de la société académique de Chauny : Les cloches du Chaunois)

 

On lit dans les archives de la fabrique :


Le 15juin 1778,eut lieu la bénédiction des trois cloches de cette église royale et paroissiale de Folembray, par M.Bernard, curé, assisté de MM.Charles Baudet, curé de Quincy ; Nicolas-Pierre Barin, curé de Champs ; Jean-François Godart, vicaire de Coucy-le-Chàteau.
La première a été nommée Émélie-Marie, par moi Bernard, curé et damoiselle Marie-Émélie-Tronson, fille de M. Guillaume Tronson, maitre de la manufacture royale du Vivier et de dame Marguerite de Saint-Martin de Valcourt.
La deuxième, nommée Marie-Thérèse, par le sieur Langonnet, laboureur à Folembray, et dame Marie-Thérèse Carlier, veuve du sieur Sébastien Dupuis, chirurgien à Chauny.
La troisième, Anne-Brigitte, par le sieur Joachim-Onuphre Lescot, marchand de bois, et Anne-Brigitte Poitvin, épouse de Pierre-Louis Destrée, syndic de cette paroisse, en présence d'autres Messieurs ecclésiastiques, tant séculiers que réguliers, et autres Messieurs laïcs.


Ces cloches furent fondues, m'a-t-on dit ; sur une petite place publique à l'endroit où se trouve maintenant la halle. On ne cite pas le nom du fondeur, ni le poids de ces cloches, ni comment ou par qui elles furent payées,mais j'ai vu, par hasard, aux archives départementales à Laon, un compte d'une coupe de bois en 1780-81 dont le produit doit être affecté au paiement de la construction d'une tour où sont les cloches de Folembray et à la refonte de ces cloches. Cette sonnerie étant devenue, par accident, incomplète et insuffisante, les habitants adressèrent, le 6 juillet 1791, une pétition au directoire du district de Chauny, pour avoir des cloches provenant des abbayes supprimées de Prémontré ou de Saint Nicolas aux Bois. Leur demande n'ayant pas été acueillie, un traité fut conclu, le  4 septembre 1791, avec M. Cavillier de Carrépuits, pour refondre les trois anciennes cloches.


Elles lui furent conduites ler  janvier 1792, et revinrent promptement, car le registre porte que, le jeudi du même mois, eut lieu leur bénédiction, par M. le curé Driencourt qui avait prêté serment à la constitution civile du clergé, et en présence de M. Demory, maire ; Normand, officier municipal ; Delabarre, procureur de la commune ; Lamotte officier municipal ; Bayard, marguillier ; Delahègue, Carette, Maréchal, Bonnard, Bruyer.
Ces trois cloches portaient :  J'ai été fondue en 1791.Vive la Nation,la Loi et le Roi.

Et au bas, dans un écusson : Cavillier fondeur. Elles ne restèrent pas longtemps au clocher. Le 28 octobre 1793, an II de la république, le citoyen Bègue, commissaire, accompagné d'un détachement de l'armée révolutionnaire, vint faire réquisition de deux cloches et les fit jeter immédiatement du haut du clocher elles pesaient ensemble 1,650 livres, et furent transportées le lendemain au district de Chauny, avec leurs battants, ferrures, etc., en tout 36 livres de fer et 8 écrous. Il ne resta que la grosse cloche, pesant 1,359 livres, elle existe encore aujourd'hui malgré l'accident qui lui arriva en 1825 ; elle se détacha de son mouton et vint tomber sur la voûte de l'église heureusement sans se briser ni enfoncer cette voûte, et l'on put la remettre intacte à sa place, où je l'ai vue encore dernièrement, et j'ai constaté qu'elle porte bien l'inscription civique relatée ci-dessus.

Il y a aussi dans le clocher de l'église de Folembray une petite cloche qui sonne les demies de l'horloge, la grosse sonnant les heures ; elle porte la date de 1823. Il est à remarquer qu'au moment où toutes les communes de France ont perdu ou vont perdre leurs cloches, Folembray en fait fondre trois. Un fait semblable s'est passé dans notre département de l'Aisne, à Hirson, où de même aussi, deux cloches furent enlevées presque immédiatement. La plus grosse, qui resta. porte l'inscription suivante :

L'an 1793, II de la république française, j'ai été bénite par le citoyen Jean-François Godard,curé depuis 1781, et officier municipal et nommé Coesar, par les citoyens Coesar Mezand,maire d'Hirson, et Marie-Louise-Victoire Bouillard, épouse de Louis Gaudefroy, procureur de la commune. Moy et mes deux soeurs nous avons été fondues aux frais de la commune d'Hirson.

 

Singulier nom que celui de Coesar donné à une cloche sous la république, et le prêtre qui la bénit est tout à la fois curé et officier municipal.
Le village de La Rosière, canton de Forges-les-Eaux, possède une cloche de la même époque, nommée La Liberté, cela est mieux. En voici l'inscription à titre de curiosité :
L'an II de la république,1793, Pierre Deschamps étant maire, j'ai été bénite par le citoyen Joseph Paschal Roussel,curé dela paroisse, et nommée La Libertépar Favrel et Marie Quidant.


Les mots Liberté, Égalité, surmontés du bonnet phrygien, sont gravés sur la petite cloche de l'église de Rueil, près de Paris. Divers chroniqueurs rapportent que c'est le son de cette petite cloche de Rueil, sa paroisse, que l'empereur Napoléon Ier aimait tant à entendre, quand il n'était encore que consul et qu'il habitait la Malmaison. Chaque fois que, dans ses promenades, le son de ce modeste instrument venait frapper son oreille, il s'arrêtait ému, recueilli, et ne reprenait souvent sa marche que longtemps après que le son de l'airain avait cessé de retentir. Il dit un jour à M. de Bourrienne : Pour moi je n'ai jamais pu entendre, dans les bois de la Malmaison, la cloche de Rueil, sans éprouver la plus vive émotion.

 Plus tard, sur le rocher de Sainte-Hélène, l'homme de génie regrettait encore le son touchant de cette cloche, et s'écriait dans un accès de tristesse et de désespoir : Hélas du pain moisi et pas de cloche !

 

 

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